Capitale du pays
des Séquanes, la cité de Besançon déchue de son titre après
la conquête romaine (sous Auguste) pour entrer dans la province
romaine de Belgique, puis dans celle de celtique ou lyonnaise,
mais « grande et parée de monuments luxueux, puissante
par son enceinte et de plus par la nature de son site »
(Julien, 360), amorce une lente décadence à partir du 2e
siècle. On sait que lempereur Marc Aurèle dût intervenir
vers 175 pour apaiser des troubles, dont la nature nest pas
précisée et on suppose que la Porte Noire fut édifiée en son
honneur. Cest plus une menace dinsécurité qui
serait la cause de la dépopulation que de réelles invasions.
Soucieux de mieux protéger ses territoires lointains,
lempereur Dioclétien, à la fin du 3e siècle,
refait de Besançon, la capitale dune « Grande
Séquanie » (Maxima Sequanorum), dans laquelle
entrent les Helvètes et les Rauraques (la Rauracie comprenait la
partie du Jura suisse au sud du Rhin). Besançon nest alors
quune petite ville confinée sur la pente nord de la
Citadelle, au sud de la Porte Noire ; toute « La
Boucle » est désertée. Les Vandales, au début du 5e
siècle, ravagent la région (407 409), mais paraissent ne
pas prendre la ville. En revanche, les Alamans, au milieu du
même siècle, la dévastent et se livrent à des massacres de
chrétiens. Besançon sera délivré par les Burgondes (vers 475
480), soumis aux Francs un demi siècle plus tard.
Trop peu de
documents historiques permettent de reconstituer lhistoire
de la ville sous lAntiquité et au Haut Moyen Âge
jusquau 11e siècle. Larchéologie comble
encore énormément pour cette période les lacunes de
lHistoire.
-58 | Jules César, à la demande des Gaulois, sempare de la ville pour empêcher que les Germains dArioviste sen empare. |
68 | Bataille de Besançon : Verginius Rufus, gouverneur de Germanie, partisan de Néron, assiège la ville, qui refuse de le recevoir. Julius Vindex, gouverneur de la Lyonnaise, qui soulève toute la Gaule contre la tyrannie de Néron, accourt au secours de la ville, mais voit ses troupes anéanties par les Germains et se suicide. Mais Rufus devient adversaire de Néron et après la chute de lempereur, son successeur Galba accorde de nombreux privilèges à la ville et aux Séquanes. |
211 ou 212 | (16 juin) Selon la légende, supplices et mise à mort des deux premiers évangélisateurs de Besançon, le prêtre Ferréol et le diacre Ferjeux. Le 3e siècle se termine avec la promotion de Besançon comme métropole de la nouvelle « Grande Séquanie » (Provincia Maxima Sequanorum) et sans doute lélection dun premier évêque, saint Lin (Linus). |
407 409 | Déferlement des Vandales, qui du Rhin se dirigent vers lEspagne. Besançon peut-être assiégé, semble épargné, mais son évêque Germain, qui se serait volontairement sacrifié pour éviter un massacre, est mis à mort. |
465 | Besançon est occupé (peut-être pour la première fois, mais depuis plusieurs années) par les Alamans, qui se livrent à un grand massacre de chrétiens (une quarantaine de corps inhumés dans le chur de léglise Saint-Pierre paraît dater de cette époque) et lévêque de la ville Antide est mis à mort à Ruffiacum (Ruffey-le-Château), près de Marnay, à 20 km à louest de la ville. |
476 | Déposition du dernier empereur romain Romulus-Augustule par Odoacre, roi des Hérules (cette date marque traditionnellement la fin de lAntiquité et le début du Moyen Âge). Les Burgondes, alliés des Romains et installés depuis 443 autour de Genève et Grenoble, puis ensuite à Lyon, entreprennent de chasser les Alamans de Séquanie et les refoulent jusquà Bâle (entre 476 et 485). |
533 534 | Le royaume des Burgondes disparaît lors dune nouvelle invasion et passe aux Francs dAustrasie, mais il est possible que Besançon soit déjà passé aux mains de ces derniers dès 524. Aucun document ne nous est parvenu citant Besançon de cette date à la fin du siècle, sauf participation de ses évêques ou de leurs représentants aux conciles de Lyon (567-570), de Paris (573) et de Mâcon (581-583 et 585). |
610 | Thierry II, roi de Bourgogne et dAustrasie, exaspéré des menaces de châtiments célestes proférées contre sa personne et sa grand-mère Brunehaut en raison de leurs vices par Colomban, fondateur du monastère de Luxeuil en 590, vient lui même le trouver pour lintimider, mais échouant, le fait chassé de Luxeuil pour le mettre en résidence surveillée à Besançon. Besançon est, dès cette date et peut-être même une ou deux décennies avant, la résidence dun duc de Transjurane et joue le rôle de centre administratif et militaire sur les deux versants des monts du Jura (Suisse romande et Franche-Comté actuelles). |
vers 614 | Waldelène, disciple de Colomban, après les morts de Thierry II et de Brunehaut (613), devient duc de Transjurane. |
625 630 | Fondation de labbaye Saint-Paul (aujourdhui musée lapidaire) par lévêque de Besançon saint Donat, fils aîné du duc Waldelène. Labbaye Saint-Martin de Bregille semble antérieure, mais aucun texte ne latteste formellement. |
636 | Chramnelène, second fils de Waldelène succède comme duc de Transjurane à son père décédé, tandis que sa mère Flavia sapprête à fonder le monastère de filles de Jussa-Moutier au pied de la Citadelle (Tarragnoz). La règle de ce monastère apparaît vers 655-660 à la fin de la vie de sa fondatrice. |
679 680 | Lévêque de Besançon siège à Marly parmi les métropolitains |
753 | En décembre, pour la première fois sauf document antérieur perdu, un pape, Étienne II, passe par Besançon pour se rendre à Reims et consacrer Pépin le Bref, roi des Francs (le premier des carolingiens). En décembre 804 et octobre 816, les papes Léon III et Étienne IV prendront la même route pour sacrer respectivement à Reims Charlemagne et Louis le Débonnaire. |
811 | Larchevêque de Besançon Bernoin est lun des six archevêques de lempire franc à souscrire au testament de Charlemagne, malade depuis un an (il meurt 3 ans plus tard à Aix-la-Chapelle), par lequel les deux-tiers des meubles et de largenterie de lempereur doivent être partagées entre les 21 églises métropolitaines de lempire. Le titre darchevêque, inconnu de lÉglise primitive, apparaît au 7e siècle en Angleterre pour se substituer à celui dévêque métropolitain et nest introduit en France quau 9e. Bernoin paraît être le premier à lavoir porté. La cathédrale de Besançon fut restaurée sous son épiscopat et reçut le nom de Saint-Jean (au lieu de Saint-Étienne auparavant). |
843 | Par le traité de Verdun conclu entre les 3 fils de Louis le Débonnaire mort en 840, Besançon et la Séquanie reviennent à lempereur Lothaire 1er, souverain de la Francie médiane. Larchevêque Arduic succède alors à Amaloin, peut-être destitué. |
855 | Après labdication de Lothaire 1er, qui se fait moine et meurt la même année, Besançon et la Séquanie reviennent à son deuxième fils, roi de Lotharingie ou Lorraine sous le nom de Lothaire II. |
869 | Étape à Besançon de Lothaire II (fin janvier ou début février), qui concède à larchevêque Arduic les abbayes de Château-Chalon et Baume-les-Messieurs. Le roi meurt à Plaisance, sans héritiers légitimes, quelques mois plus tard. |
870 | Traité de Mersen (banlieue de Maastricht), le 8 août, par lequel les rois de Francie occidentale (France) et de Francie orientale (Germanie) se partagent les territoires de Lothaire II. Besançon et le Portois (pagus de Port-sur-Saône allant jusquà lOgnon) sont dévolus à Charles le Chauve et le reste de la Séquanie à Louis le Germanique. |
871 | Lors dun passage à Besançon le 1er novembre, Charles le Chauve concède à larchevêque Arduic labbaye Saint-Martin de Bregille, les droits de monnayage sur les marchés annuels et le tonlieu de la cité, qui ne relèvent plus dès lors des droits comtaux. Mais larchevêque décède quelques jours plus tard. |
872 | En mai, larchevêque Thierry succède à Arduic. |
876 et 877 | Charles le Chauve passe encore deux fois à Besançon pour se rendre en Italie. Il ne revient pas vivant de son second voyage. |
879 | Mort de Louis le Bègue, fils de Charles le Chauve, en avril. Le royaume de France, dont Besançon, revient à ses deux fils Louis III et Carloman, sans partage du territoire. Mais le 15 octobre, Boson est élu roi au concile de Mantaille (lieu-dit aujourdhui au nord du département de la Drôme) par les archevêques de Besançon et de Provence, appuyés par les grands laïcs, qui estiment le pouvoir vacant. |
880 | Quelques mois plus tard, Boson est chassé de Besançon par les héritiers de Louis le Bègue, alliés à ceux de Louis le Germanique. Lun de ses derniers, Charles le Gros séquestre les biens de larchevêque Thierry, qui avait voté pour Boson. Sur linstance du pape Jean VIII, Thierry se réconcilie avec Charles le Gros et retrouve ses biens. |
888 | Après la destitution de Charles le Gros (novembre 887), Besançon entre dans un nouveau royaume de Bourgogne, dont le premier roi est élu dès le début de lannée à Saint-Maurice dAgaune, sous le nom de Rodolphe 1er, et larchevêque de Besançon Thierry devient son archichancelier. |
894 | Le roi de Lorraine Zwentibold, bâtard du roi de Germanie Arnulf, envahit Besançon et lancienne Séquanie ; larchevêque Thierry se rallie à lui et abandonne son titre darchichancelier. |
900 | Mort de Zwentibold, qui tentait de réduire la rébellion de nobles lorrains. Rodolphe 1er en profite pour recouvrer la Séquanie et Besançon. À la mort de Thierry (date non connue), le clergé élit son neveu Bérenger pour lui succéder, mais Rodolphe imposa Aymin, surnommé « Lintrus ». À lissue dune lutte sans merci entre les deux archevêques, Bérenger a les yeux crevés. |
914-915 | Aymin, archevêque imposé par le roi défunt (mort en 912 et auquel succède son fils Rodolphe II), est chargé de mission par le pape Jean X, puis prend part au concile de Chalon. Au moins depuis cette époque, le marquis Hugues le Noir, fils du duc de la Bourgogne française, Richard le Justicier, a toute autorité sur les comtés bisontins, les rois de Bourgogne ny viendront jamais. |
924 ou 926 | Bérenger, aveugle, est désormais archevêque et donne la bénédiction abbatiale à Odon de Cluny. Le sort dAymin, lintrus, nest pas connu. |
vers 928 | Sous lautorité dHugues le Noir, Aubry 1er devenu comte de Mâcon en épousant lhéritière de ce comté, est mis en possession de droits étendus sur les comtés bisontins. Mort de larchevêque Bérenger ; lélection de son successeur par le clergé bisontin se passe sans incident. Le roi Rodolphe II nintervient pas. |
936 | Hugues le Noir étend son autorité à louest de la Saône en succédant à son frère Raoul, qui devient roi de France. Cependant Besançon et ses comtés retiennent encore toute son attention. |
942 | Aubry 1er acquiert des domaines dans la région de Pontarlier et de Salins et devient ainsi comte de Besançon, de Mâcon et sire de Salins, mais il meurt peu après. |
952 | Mort sans héritier dHugues le Noir (peut-être inhumé à Besançon). Liétaud, fils dAubry 1er lui succède et devient comte de Mâcon et de Bourgogne à lest de la Saône. |
vers 982 | Mort dAubry II, fils et successeur du comte Liétaud (mort vers 965). Sa veuve Ermentrude de Roucy épouse Otte-Guillaume, fils dAubert ou Adalbert, fils dun roi déchu de Lombardie et petit-fils de Bérenger II, roi dItalie détrôné par Otton le Grand en 961 et mort en 966. Otte-Guillaume a été adopté par Henri ou Eudes le Grand, duc de la Bourgogne française, qui a épousé sa mère Gerberge, peut-être petite-fille du comte Liétaud cité ci-avant. Otte-Guillaume devient ainsi comte de Mâcon et de Bourgogne et va gérer son territoire en souverain absolu, au mépris de la faible autorité de son suzerain, le roi de Bourgogne Rodolphe III, arrière-petit-fils de Rodolphe 1er. |
1015 - 1016 | Mort de larchevêque de Besançon Hector le 27 octobre 1015. Lélection de son successeur est lobjet dun violent conflit entre Otte-Guillaume et Rodolphe III. Gauthier est élu archevêque, selon la tradition, par le peuple (en fait Otte-Guillaume) et le clergé réduit au seul chapitre de Besançon. Mais sans consulter personne à Besançon, Rodolphe III désigne archevêque pendant lété 1016 à Strasbourg son propre chapelain lAlsacien Berthald ; il promet par testament sa couronne à son neveu lempereur Henri II le Boiteux, qui sengage à le soutenir contre Otte-Guillaume traité en rebelle. Berthald essaie de gagner Besançon, mais Otte-Guillaume lance ses chiens à ses trousses et le contraint à senfuir. |
1024 et 1026 | Morts successives dHenri le Boiteux et dOtte-Guillaume. Le roi Rodolphe III considère son testament comme caduc. |
1027 | Conrad le Salique, nullement parent dHenri le Boiteux, est élu empereur pour lui succéder. Également neveu du roi, il prend Bâle, alors dans le royaume de Bourgogne, pour contraindre Rodolphe III à tester en sa faveur et lobtient. |
1031 | Larchevêque Gauthier, qui a réussi à se maintenir malgré lempereur, meurt le 5 octobre. Lélection de son successeur, Hugues de Salins, à la fois chapelain de Rodolphe III et filleul de Gauthier ne pose aucune difficulté. Hugues est sacré auprès du roi le 7 novembre et fait son entrée solennelle le dimanche 14 novembre à Besançon. Cest le début dune famine, qui sévit pendant 3 ans à Besançon comme en France. Certains en sont réduits à manger de la terre. |
1032 | Mort du dernier roi de Bourgogne Rodolphe III le 6 septembre. Besançon reste nommément ville bourguignonne, mais entre en fait dans le Saint Empire romain germanique. |