Besançon antique (-58-1032)

Capitale du pays des Séquanes, la cité de Besançon déchue de son titre après la conquête romaine (sous Auguste) pour entrer dans la province romaine de Belgique, puis dans celle de celtique ou lyonnaise, mais « grande et parée de monuments luxueux, puissante par son enceinte et de plus par la nature de son site » (Julien, 360), amorce une lente décadence à partir du 2e siècle. On sait que l’empereur Marc Aurèle dût intervenir vers 175 pour apaiser des troubles, dont la nature n’est pas précisée et on suppose que la Porte Noire fut édifiée en son honneur. C’est plus une menace d’insécurité qui serait la cause de la dépopulation que de réelles invasions. Soucieux de mieux protéger ses territoires lointains, l’empereur Dioclétien, à la fin du 3e siècle, refait de Besançon, la capitale d’une « Grande Séquanie » (Maxima Sequanorum), dans laquelle entrent les Helvètes et les Rauraques (la Rauracie comprenait la partie du Jura suisse au sud du Rhin). Besançon n’est alors qu’une petite ville confinée sur la pente nord de la Citadelle, au sud de la Porte Noire ; toute « La Boucle » est désertée. Les Vandales, au début du 5e siècle, ravagent la région (407 – 409), mais paraissent ne pas prendre la ville. En revanche, les Alamans, au milieu du même siècle, la dévastent et se livrent à des massacres de chrétiens. Besançon sera délivré par les Burgondes (vers 475 – 480), soumis aux Francs un demi siècle plus tard.

Trop peu de documents historiques permettent de reconstituer l’histoire de la ville sous l’Antiquité et au Haut Moyen Âge jusqu’au 11e siècle. L’archéologie comble encore énormément pour cette période les lacunes de l’Histoire.

-58 Jules César, à la demande des Gaulois, s’empare de la ville pour empêcher que les Germains d’Arioviste s’en empare.
68 Bataille de Besançon : Verginius Rufus, gouverneur de Germanie, partisan de Néron, assiège la ville, qui refuse de le recevoir. Julius Vindex, gouverneur de la Lyonnaise, qui soulève toute la Gaule contre la tyrannie de Néron, accourt au secours de la ville, mais voit ses troupes anéanties par les Germains et se suicide. Mais Rufus devient adversaire de Néron et après la chute de l’empereur, son successeur Galba accorde de nombreux privilèges à la ville et aux Séquanes.
211 ou 212 (16 juin) Selon la légende, supplices et mise à mort des deux premiers évangélisateurs de Besançon, le prêtre Ferréol et le diacre Ferjeux. Le 3e siècle se termine avec la promotion de Besançon comme métropole de la nouvelle « Grande Séquanie » (Provincia Maxima Sequanorum) et sans doute l’élection d’un premier évêque, saint Lin (Linus).
407 – 409 Déferlement des Vandales, qui du Rhin se dirigent vers l’Espagne. Besançon peut-être assiégé, semble épargné, mais son évêque Germain, qui se serait volontairement sacrifié pour éviter un massacre, est mis à mort.
465 Besançon est occupé (peut-être pour la première fois, mais depuis plusieurs années) par les Alamans, qui se livrent à un grand massacre de chrétiens (une quarantaine de corps inhumés dans le chœur de l’église Saint-Pierre paraît dater de cette époque) et l’évêque de la ville Antide est mis à mort à Ruffiacum (Ruffey-le-Château), près de Marnay, à 20 km à l’ouest de la ville.
476 Déposition du dernier empereur romain Romulus-Augustule par Odoacre, roi des Hérules (cette date marque traditionnellement la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge). Les Burgondes, alliés des Romains et installés depuis 443 autour de Genève et Grenoble, puis ensuite à Lyon, entreprennent de chasser les Alamans de Séquanie et les refoulent jusqu’à Bâle (entre 476 et 485).
533 – 534 Le royaume des Burgondes disparaît lors d’une nouvelle invasion et passe aux Francs d’Austrasie, mais il est possible que Besançon soit déjà passé aux mains de ces derniers dès 524. Aucun document ne nous est parvenu citant Besançon de cette date à la fin du siècle, sauf participation de ses évêques ou de leurs représentants aux conciles de Lyon (567-570), de Paris (573) et de Mâcon (581-583 et 585).
610 Thierry II, roi de Bourgogne et d’Austrasie, exaspéré des menaces de châtiments célestes proférées contre sa personne et sa grand-mère Brunehaut en raison de leurs vices par Colomban, fondateur du monastère de Luxeuil en 590, vient lui même le trouver pour l’intimider, mais échouant, le fait chassé de Luxeuil pour le mettre en résidence surveillée à Besançon. Besançon est, dès cette date et peut-être même une ou deux décennies avant, la résidence d’un duc de Transjurane et joue le rôle de centre administratif et militaire sur les deux versants des monts du Jura (Suisse romande et Franche-Comté actuelles).
vers 614 Waldelène, disciple de Colomban, après les morts de Thierry II et de Brunehaut (613), devient duc de Transjurane.
625 – 630 Fondation de l’abbaye Saint-Paul (aujourd’hui musée lapidaire) par l’évêque de Besançon saint Donat, fils aîné du duc Waldelène. L’abbaye Saint-Martin de Bregille semble antérieure, mais aucun texte ne l’atteste formellement.
636 Chramnelène, second fils de Waldelène succède comme duc de Transjurane à son père décédé, tandis que sa mère Flavia s’apprête à fonder le monastère de filles de Jussa-Moutier au pied de la Citadelle (Tarragnoz). La règle de ce monastère apparaît vers 655-660 à la fin de la vie de sa fondatrice.
679 – 680 L’évêque de Besançon siège à Marly parmi les métropolitains
753 En décembre, pour la première fois sauf document antérieur perdu, un pape, Étienne II, passe par Besançon pour se rendre à Reims et consacrer Pépin le Bref, roi des Francs (le premier des carolingiens). En décembre 804 et octobre 816, les papes Léon III et Étienne IV prendront la même route pour sacrer respectivement à Reims Charlemagne et Louis le Débonnaire.
811 L’archevêque de Besançon Bernoin est l’un des six archevêques de l’empire franc à souscrire au testament de Charlemagne, malade depuis un an (il meurt 3 ans plus tard à Aix-la-Chapelle), par lequel les deux-tiers des meubles et de l’argenterie de l’empereur doivent être partagées entre les 21 églises métropolitaines de l’empire. Le titre d’archevêque, inconnu de l’Église primitive, apparaît au 7e siècle en Angleterre pour se substituer à celui d’évêque métropolitain et n’est introduit en France qu’au 9e. Bernoin paraît être le premier à l’avoir porté. La cathédrale de Besançon fut restaurée sous son épiscopat et reçut le nom de Saint-Jean (au lieu de Saint-Étienne auparavant).
843 Par le traité de Verdun conclu entre les 3 fils de Louis le Débonnaire mort en 840, Besançon et la Séquanie reviennent à l’empereur Lothaire 1er, souverain de la Francie médiane. L’archevêque Arduic succède alors à Amaloin, peut-être destitué.
855 Après l’abdication de Lothaire 1er, qui se fait moine et meurt la même année, Besançon et la Séquanie reviennent à son deuxième fils, roi de Lotharingie ou Lorraine sous le nom de Lothaire II.
869 Étape à Besançon de Lothaire II (fin janvier ou début février), qui concède à l’archevêque Arduic les abbayes de Château-Chalon et Baume-les-Messieurs. Le roi meurt à Plaisance, sans héritiers légitimes, quelques mois plus tard.
870 Traité de Mersen (banlieue de Maastricht), le 8 août, par lequel les rois de Francie occidentale (France) et de Francie orientale (Germanie) se partagent les territoires de Lothaire II. Besançon et le Portois (pagus de Port-sur-Saône allant jusqu’à l’Ognon) sont dévolus à Charles le Chauve et le reste de la Séquanie à Louis le Germanique.
871 Lors d’un passage à Besançon le 1er novembre, Charles le Chauve concède à l’archevêque Arduic l’abbaye Saint-Martin de Bregille, les droits de monnayage sur les marchés annuels et le tonlieu de la cité, qui ne relèvent plus dès lors des droits comtaux. Mais l’archevêque décède quelques jours plus tard.
872 En mai, l’archevêque Thierry succède à Arduic.
876 et 877 Charles le Chauve passe encore deux fois à Besançon pour se rendre en Italie. Il ne revient pas vivant de son second voyage.
879 Mort de Louis le Bègue, fils de Charles le Chauve, en avril. Le royaume de France, dont Besançon, revient à ses deux fils Louis III et Carloman, sans partage du territoire. Mais le 15 octobre, Boson est élu roi au concile de Mantaille (lieu-dit aujourd’hui au nord du département de la Drôme) par les archevêques de Besançon et de Provence, appuyés par les grands laïcs, qui estiment le pouvoir vacant.
880 Quelques mois plus tard, Boson est chassé de Besançon par les héritiers de Louis le Bègue, alliés à ceux de Louis le Germanique. L’un de ses derniers, Charles le Gros séquestre les biens de l’archevêque Thierry, qui avait voté pour Boson. Sur l’instance du pape Jean VIII, Thierry se réconcilie avec Charles le Gros et retrouve ses biens.
888 Après la destitution de Charles le Gros (novembre 887), Besançon entre dans un nouveau royaume de Bourgogne, dont le premier roi est élu dès le début de l’année à Saint-Maurice d’Agaune, sous le nom de Rodolphe 1er, et l’archevêque de Besançon Thierry devient son archichancelier.
894 Le roi de Lorraine Zwentibold, bâtard du roi de Germanie Arnulf, envahit Besançon et l’ancienne Séquanie ; l’archevêque Thierry se rallie à lui et abandonne son titre d’archichancelier.
900 Mort de Zwentibold, qui tentait de réduire la rébellion de nobles lorrains. Rodolphe 1er en profite pour recouvrer la Séquanie et Besançon. À la mort de Thierry (date non connue), le clergé élit son neveu Bérenger pour lui succéder, mais Rodolphe imposa Aymin, surnommé « L’intrus ». À l’issue d’une lutte sans merci entre les deux archevêques, Bérenger a les yeux crevés.
914-915 Aymin, archevêque imposé par le roi défunt (mort en 912 et auquel succède son fils Rodolphe II), est chargé de mission par le pape Jean X, puis prend part au concile de Chalon. Au moins depuis cette époque, le marquis Hugues le Noir, fils du duc de la Bourgogne française, Richard le Justicier, a toute autorité sur les comtés bisontins, les rois de Bourgogne n’y viendront jamais.
924 ou 926 Bérenger, aveugle, est désormais archevêque et donne la bénédiction abbatiale à Odon de Cluny. Le sort d’Aymin, l’intrus, n’est pas connu.
vers 928 Sous l’autorité d’Hugues le Noir, Aubry 1er devenu comte de Mâcon en épousant l’héritière de ce comté, est mis en possession de droits étendus sur les comtés bisontins. Mort de l’archevêque Bérenger ; l’élection de son successeur par le clergé bisontin se passe sans incident. Le roi Rodolphe II n’intervient pas.
936 Hugues le Noir étend son autorité à l’ouest de la Saône en succédant à son frère Raoul, qui devient roi de France. Cependant Besançon et ses comtés retiennent encore toute son attention.
942 Aubry 1er acquiert des domaines dans la région de Pontarlier et de Salins et devient ainsi comte de Besançon, de Mâcon et sire de Salins, mais il meurt peu après.
952 Mort sans héritier d’Hugues le Noir (peut-être inhumé à Besançon). Liétaud, fils d’Aubry 1er lui succède et devient comte de Mâcon et de Bourgogne à l’est de la Saône.
vers 982 Mort d’Aubry II, fils et successeur du comte Liétaud (mort vers 965). Sa veuve Ermentrude de Roucy épouse Otte-Guillaume, fils d’Aubert ou Adalbert, fils d’un roi déchu de Lombardie et petit-fils de Bérenger II, roi d’Italie détrôné par Otton le Grand en 961 et mort en 966. Otte-Guillaume a été adopté par Henri ou Eudes le Grand, duc de la Bourgogne française, qui a épousé sa mère Gerberge, peut-être petite-fille du comte Liétaud cité ci-avant. Otte-Guillaume devient ainsi comte de Mâcon et de Bourgogne et va gérer son territoire en souverain absolu, au mépris de la faible autorité de son suzerain, le roi de Bourgogne Rodolphe III, arrière-petit-fils de Rodolphe 1er.
1015 - 1016 Mort de l’archevêque de Besançon Hector le 27 octobre 1015. L’élection de son successeur est l’objet d’un violent conflit entre Otte-Guillaume et Rodolphe III. Gauthier est élu archevêque, selon la tradition, par le peuple (en fait Otte-Guillaume) et le clergé réduit au seul chapitre de Besançon. Mais sans consulter personne à Besançon, Rodolphe III désigne archevêque pendant l’été 1016 à Strasbourg son propre chapelain l’Alsacien Berthald ; il promet par testament sa couronne à son neveu l’empereur Henri II le Boiteux, qui s’engage à le soutenir contre Otte-Guillaume traité en rebelle. Berthald essaie de gagner Besançon, mais Otte-Guillaume lance ses chiens à ses trousses et le contraint à s’enfuir.
1024 et 1026 Morts successives d’Henri le Boiteux et d’Otte-Guillaume. Le roi Rodolphe III considère son testament comme caduc.
1027 Conrad le Salique, nullement parent d’Henri le Boiteux, est élu empereur pour lui succéder. Également neveu du roi, il prend Bâle, alors dans le royaume de Bourgogne, pour contraindre Rodolphe III à tester en sa faveur et l’obtient.
1031 L’archevêque Gauthier, qui a réussi à se maintenir malgré l’empereur, meurt le 5 octobre. L’élection de son successeur, Hugues de Salins, à la fois chapelain de Rodolphe III et filleul de Gauthier ne pose aucune difficulté. Hugues est sacré auprès du roi le 7 novembre et fait son entrée solennelle le dimanche 14 novembre à Besançon. C’est le début d’une famine, qui sévit pendant 3 ans à Besançon comme en France. Certains en sont réduits à manger de la terre.
1032 Mort du dernier roi de Bourgogne Rodolphe III le 6 septembre. Besançon reste nommément ville bourguignonne, mais entre en fait dans le Saint Empire romain germanique.

BESANÇON ROMAIN GERMANIQUE

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